CANICULE 2003
Comme le rappelle le rapport de l'INVS, la chaleur n'est pas la seule responsables des 15000 morts du mois d'août 2003. La pollution de l'air a été un facteur aggravant de la mortalité.
Si vous voulez avoir d'autres éléments d'information sur la pollution de l'air,
vous pouvez aussi consulter la page pollution du site de Droit D'Vélo.
Rapport INVS | Confirmation de l'INSEE | Articles de LA VOIX DU NORD | Changement climatique | Energie | Repères |
Rapport de l'INVS (Institut National de Veille Sanitaire)
Retour sur une catastrophe prévisible
La théorie
Les experts du GIEC (groupe intergouvernemental sur l'évolution du climat) ont estimé le réchauffement de la terre au
cours du XX° siècle à 0,6°C. Ils estiment que ce réchauffement devrait s'accentuer dans les années à venir avec une
augmentation moyenne de la température comprise dans une fourchette de 1,4°C à 5,8°C. |
Martin Beniston, expert suisse de l'université de Fribourg et négociateur au GIEC, prédit, dans un article publié dans la revue Geophysical Research Letters, que les étés
caniculaires risquent de devenir courants dans les 50 à 100 années à venir. Les températures estivales pourraient progresser de plus de 4°C en moyenne, selon
les modèles de prévisions, voire de 6°C en Espagne ou le sud-ouest de la France.
Soixante jours supplémentaires de températures de plus de 30°C pourraient intervenir dans le sud et l'est de l'Europe. Source : Le MONDE du 21 février 2004 |
Les faits
L'InVS (Institut National de Veille Sanitaire) a publié un rapport (1) le 25 novembre 2003 intitulé :
"Impact sanitaire de la vague de chaleur d'août 2003 en France".
Ce rapport comprend un chapitre sur les caractéristiques de la vague de chaleur d'août 2003 qui corrobore la théorie même
si certains experts, appliquant le "principe de précaution", se refusent à émettre des conclusions "hâtives".
Les lignes qui suivent sont un compte-rendu du chapitre cité, chapitre de 11 pages disponible, comme le reste du rapport, au format .pdf.
(1) : Pour accéder au rapport, cliquez sur le lien avec l'InVs créé ci-dessus qui vous amène aux publications de l'organisme puis choisissez la rubrique Santé et Environnement
Petites différences et grandes conséquences
Un été chaud mais pas torride
Certes l'été 2003 a été le plus chaud depuis 53 ans tant pour les températures maximales (2° au dessus des trois derniers étés
les plus chauds, 1976, 1983 et 1994) que pour les températures minimales (3,5° au dessus de la moyenne pour la période
1950-1980). Mais on a assisté à une montée brutale des températures entre le 1° et le 5 août 2003 (sur 6 jours, + 12°C pour
la température maximale et + 7°C pour la température minimale). Cette température s'est ensuite maintenue à un niveau
élevé sur la majeure partie des 14 grandes villes étudiées par l'enquête.
Cependant, à aucun moment, les indices biométriques (indice humidex, indice AT de température apparente, indice Hi de
chaleur et indice DI d'inconfort) n'ont dépassé les seuils de danger définis dans la littérature. Les experts sont aini amenés à
introduire la notion de température critique définie à 7°C au dessus des normales saisonnières et pointent également la
brutalité des montées en température qui aurait empêché une acclimatation progressive.
La pollution de l'air : facteur aggravant
Les experts se contentent d'intituler pudiquement leur deuxième chapitre : "Une canicule associée à une pollution par l'ozone"
Brève description du cycle de l'ozone
60% du monoxyde d'azote NO présent dans l'atmophère provient des transports. Le monoxyde d'azote réagit avec les Composés Organiques Volatiles (COV) pour former du dioxyde d'azote NO2. Par photodissociation (action du rayonnement solaire), le NO2 forme de l'ozone qui, à son tour réagit avec le NO pour reformer du NO2. On est donc en présence d'un équilibre chimique qui est ici rompu par un taux élevé de COV : le NO réagit préférentiellement avec les COV, ce qui se traduit par une augmentation du taux d'ozone qui n'est plus détruit. De plus, l'ozone et ses précurseurs peuvent être transportés à des distances supérieures à 50 km. En centre ville où le monoxyde d'azote est très abondant, l'ozone est rapidement détruit. Par contre, dans les zones périurbaines et rurales, l'ozone n'est pas détruit et voit sa concentration augmenter. En période estivale, l'ozone est un bon indicateur de la pollution de l'air.
Impact sanitaire de l'ozone
Deux études épidémiologiques ont été menées, l'une en France par L'InVs, le programme PSAS 9 dit des neuf villes, l'autre
au niveau européen, l'APHEA (Air Pollution and Health a European Approach). Ces deux études sont concordantes.
L'étude française a estimé à 0,7% la surmortalité liée à une augmentation de 10 microgrammes/m3 de la concentration
moyenne horaire d'ozone pendant 8 heures consécutives tandis que l'étude européenne attribuait une surmortalité de 3%
pour un dépassement horaire de 50 microgrammes/m3.
Ainsi les experts rappellent qu'au delà des seuils d'information et
d'alerte, l'ozone présente une effet délétère sur la santé aux niveaux observés quotidiennement pour les populations
urbaines.
Niveaux d'ozone observés au cours de l'été 2003
Le seuil d'information est actuellement de 180 microg/m3 en moyenne horaire, seuil au delà duquel les personnes sensibles ressentent des effets limités et transitoires pour une exposition de courte durée. Une procédure d'information auprès de la population est déclenchée dès que ce seuil est atteint dans deux stations à moins de trois heures d'intervalle.
Sur la métropole lilloise, entre le 25 mai 2003 et le 31 août 2003, le seuil d'information a été déclenché pendant 12 jours,
soit plus qu'au cours des quatre années précédentes. Lille se situe ainsi à la septième place des quatorze villes étudiées, loin
derrière Marseille (29j), Strasbourg (27j) et Grenoble (24j). Toujours sur la même période, les valeurs maximales horaires
mesurées chaque jour ont dépassé 140 microg/m3 dans 25% des cas, 110 microg/m3 dans 50% des cas
et 90 microg/m3 dans 25% des
cas. Soulignons que ces chiffres (140, 110 et 90) sont supérieurs d'environ 20 microg/m3 par rapport aux quatre années
précédentes, y compris par rapport à 2001, l'une des années les plus polluées.
Il y a fort à parier que la situation à Douai était comparable à celle de Lille : si l'on se réfère aux comparaisons des indices
ATMO entre ces deux villes effectuées sur 112 jours entre fin août et fin décembre, Douai a un indice ATMO inférieur
pendant 13 jours mais aussi un indice ATMO supérieur pendant 9 jours.
Le rapport s'est également intéressé à la moyenne horaire correspondant à la plage des huit heures les plus polluées. Dans la
quasi-totalité des villes, la concentration en ozone, au plus fort de la canicule entre le 3 et le 13 août, était comprise entre
130 et 200 microg/m3 pour les quatorze villes étudiées alors qu'au cours des quatre années précédentes, celle-ci était comprise
entre 70 et 120 microg/m3.
Le rapport souligne également qu'outre l'ozone, les conditions météorologiques exceptionnelles, dont l'absence de vent, ont
contribué aussi à une augmentation des autres polluants dans l'atmosphère (oxydes d'azote, COV et particules).
TIC de l'époque, le rapport se termine en vantant les mérites de l'information en continu sur la pollution grâce à internet
alors qu'un tiers seulement des foyers français est connecté à internet au troisième trimestre 2002.
Les 15 ooo morts du mois d'août 2003 n'étaient pas des personnes
dont le décès était imminent
Suite à la publication le 20 février 2003 par l'Institut national de la statistique et des études économiques (Insee) du bilan démographique de l'année 2003, LE MONDE du samedi 21 février 2004, sous la plume de Delphine Saubaber, fidèle à sa tradition de journal d'investigation, revient sur la canicule du mois d'août 2003. Quelques éléments figurant dans cet article sont rapportés ci-dessous L'année 2003, avec 549600 décès, est LA PLUS MEURTRIÈRE depuis 1985 (cette année avait été marquée par une vague de froid exceptionnelle). |
La baisse de la mortalité à partir du milieu des années 70 est due essentiellement à l'apparition du vaccin contre la grippe. La baisse de la mortalité s'était accélérée depuis 1985. Mais la baisse de la mortalité s'est interrompue en 2000, avec une forte accélération en 2003. |
Les 15 ooo morts du mois d'août 2003 n'étaient pas des personnes
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LA VOIX DU MERCREDI 16 JUILLET 2003
Page 1 :
La chaleur a entraîné des pics d'ozone
Avec les hautes températures, la pollution à l'ozone, largement due aux gaz d'échappement, a fait un retour en force en métropole lilloise et dans le Douaisis, tandis que la qualité de l'air se dégradait aussi dans le Pas de Calais. Aujourd'hui, la baisse du mercure devrait toutefois entraîner une diminution de cette pollution gênante pour les personnes fragiles
Page 2 :
Ecrasée par la canicule depuis plusieurs jours, la région vit au ralenti
La chaleur déclenche des pics d'ozone
Extraits
Les cafetiers calculent. Peu importe si la clientèle lilloise (étudiants, habitués...) a quitté le
Nord pour les vacances. « On travaille suffisamment avec les touristes. » Pour les commerces,
le constat est évident, Lille attire de plus en plus (de touristes. L'effet 2004 ? Sans doute.
Le polluant du beau temps fait son apparition avec les très fortes températures. En règle générale,
la pollution à l'ozone se forme dans la journée (en partie aussi à cause des gaz émanant des pots
d'échappement des voitures), atteint son maximum en fin d'après-midi, pour se dissiper avec la
nuit.
Hier, le seuil d'alerte niveau 2 (trois seuils sont prévus par l'administration : 130, 180 et 360
microgrammes d'ozone par mètre cube d'air. Le niveau 3 n'a encore jamais été atteint en
France) était dépassé sur la métropole lilloise (les stations de Baisieux et Lesquin indiquaient,
hier, 189 et 196 microgrammes), dans le Douaisis (sur les points de Douai, Lambres-lez-Douai
et Guesnain, on enregistrait 183, 187 et 186 microgrammes). Dans le Pas-de-Calais, le réseau
de mesures Aremartois enregistrait aussi une forte dégradation de la qualité de l'air (Lens,
Arras et Béthune avaient une qualité de l'air classée « mauvaise »), sans toutefois dépasser le
niveau 2. En cas de dépassement du niveau 2, la préfecture recommande aux personnes
sensibles et fragiles d'éviter les efforts physiques, l'utilisation de produits solvants, bref, de
faire preuve de sens pratique.
G. C. et Valérie Cormont
Commentaire de notre association : on ne peut que se réjouir de voir LA VOIX DU NORD dénoncer enfin la voiture comme responsable des pics d'ozone. On se souvient d'articles où la chaleur était la principale accusée.
LA VOIX DU NORD DU JEUDI 17 JUILLET 2003
Pollution à l'ozone sur le Douaisis
Lundi et mardi, les taux ont atteint des sommets dans l'arrondissement.
On s'y attendait. Vu la chaleur et le manque de vent. Dans le Douaisis, le niveau 2 de la procédure d'alerte à la pollution de l'air par l'ozone - plus de 180 microgrammes d'ozone par m3 d'air - a été atteint lundi 14 et mardi 15 juillet. Les stations de mesure de l'Association pour la mise en œuvre du réseau d'étude, de mesure et d'alerte pour la prévention de la pollution atmosphérique en Sambre, Scarpe, Escaut (AREMASSE) ont enregistré des concentrations d'ozone anormalement élevées durant ces deux jours. Mardi, vers 15 h, à Douai, un taux de 183 microgrammes par m3 a ainsi été relevé ; la mesure est montée jusqu'à 187 microgrammes par m3 à Lambres-lez-Douai et à 186 microgrammes par m3 à Guesnain. Le niveau 1 - plus de 130 microgrammes par m3 d'air - avait été atteint à Douai dès le samedi 12 juillet.
La préfecture du Nord, alertée par l'AREMASSE, a informé les médias, comme le prévoit la loi sur l'air du 30 décembre 1996. Le niveau 3 (seuil d'alerte), prévu quand la concentration d'ozone est telle qu'il existe un risque pour la santé en cas d'exposition de courte durée (à partir de 360 mg/m3), n'a pour l'instant jamais été atteint.
Anciens mineurs très exposés
Dans son communiqué, le service de l'Etat avance une explication à cette pollution. « Certains des gaz émis par la circulation automobile et, dans une moindre mesure, par les industries, provoquent, par fortes chaleurs et sous l'effet du rayonnement solaire, une formation d'ozone relativement plus importante que dans les conditions habituelles. » La pollution à l'ozone touche particulièrement le centre-ville de Douai, à cause de la configuration des rues de la cité de Gayant : les artères sont plus étroites et les bâtiments plus hauts que dans d'autres villes de la région.
Conséquence : les personnes réputées sensibles, comme les enfantc, les personnes âgées, les asthmatiques et les insuffisants respiratoires peuvent être victimes d'irritations oculaires, nasales et respiratoires. Elles doivent donc éviter toutes les activités physiques intenses et sportives. La préfecture recommande aussi de ne pas fumer, de ne pas s'exposer à la fumée, ni d'utiliser des solvants ou des produits irritants. Elles doivent respecter le traitement médical en cours et consulter un médecin en cas de gêne respiratoire. En cas de malaise, il ne faut pas hésiter à contacter le SAMU ( 15) ou le centre antipoison ( 03 20 44 44 44). Dans le Douaisis, les anciens mineurs sont très exposés.
Histoire de réduire ces émissions, l'utilisation de transports en commun est fortement conseillée. « Les émissions émanant des installations industrielles devront être réduites au strict minimum », indique la préfecture.
Hier, le niveau 1 avait été atteint à Douai à 13 heures. « Météo-France prévoit des perturbations cet après-midi (NDLR, mercredi après-midi). Les nuages arrivent. On peut penser que les concentrations d'ozone vont baisser », indiquait-on, hier après-midi, à l'AREMASSE.
Nicolas FAUCON
Pour obtenir de plus amples informations sur la qualité de l'air, et les précautions à prendre en terme de santé,
il est possible d'entrer en contact avec le centre Antipoison : 0 825 812 822 ou avec le serveur minitel : 36 15
AIR-SANTE ou au 01 40 34 76 14.
Commentaire de Droit D'Vélo : il est regrettable, q'une fois de plus, on omette de signaler le vélo comme alternative à la voiture, quand on sait que la moitié des déplacements en voiture ont une distance inférieure à 3 km.
LA VOIX DU MARDI 05 AOUT 2003
Qualité de l'air sur le Douaisis : l'ozone repart à la hausse
Dimanche et lundi après-midi sur Douai et les environs, le niveau d'ozone a franchi un premier seuil d'alerte.
Les capteurs atmosphériques de l'AREMASSE ont, dimanche et lundi en début d'après-midi,
relevé des concentrations d'ozone supérieures à 130 microgrammes (μg) sur Douai et les environs.
En conséquence de quoi, l'AREMASSE a signalé ce fait, pour information, à certaines administrations et services de l'Etat :
la sous-préfecture, Météo-France, la direction régionale de l'Industrie, de la Recherche et de l'Environnement, etc.
Ce seuil de 130μg correspond au premier niveau dit de vigilance.
Le niveau 2 (le niveau de recommandation) est déclenché à partir de 180μg
et le niveau 3 (niveau d alerte) quand la concentration d'ozone dépasse 360 μg.
Le temps qui règne sur le Douaisis, où l'on remarque un fort ensoleillement et une absence de vent, se prête à la formation d'ozone.
Les rayons ultra-violets du soleil dissocient certaines molécules présentes dans l'air, notamment à cause de la pollution
automobile ou industrielle, comme les oxydes d'azote ou ce qui s'appelle les composés organiques volatiles.
Ces molécules fragmentées se recomposent ensuite et donnent naissance à de l'ozone.
L'apparition de ces fortes concentrations est un phénomène diurne qui disparaît avec le coucher du soleil.
Hier, sur le Douaisis, la qualité de l'air était médiocre.
L'indice Atmo, qui mesure cette qualité en prenant en compte différents paramètres et pas seulement le volume d'ozone,
était égal à 7, soit l'équivalent de médiocre. Cet indice comporte dix niveaux, de 1 à 10.
Pour aujourd'hui, les prévisions sont peu encourageantes puisque l'indice Atmo, sur Douai, devrait être de 8,
soit une qualité de l'air mauvaise.
J.-L. R.
Changement climatique
samedi 14 août 2010
Changement climatique : tous perdants ?
Moscou
© REUTERS/Alexander DEMIANCHUKmercredi 16 décembre 2009
Réchauffement climatique : mistral gagnant !
photo de la Place Carnot à Douai (Nord) prise le 16 décembre 2009Pierre KOKOSZYNSKI
Selon les données de Météo-France, les températures de l'automne 2009 en France ont été supérieures de 1,5°C par rapport aux normales saisonnières calculées sur la période 1971-2000. Quand aux températures du mois de Novembre 2009, elles auraient été supérieures de 2,7°C aux normales saisonnières (excusez du peu !).Sources
Article "Bilan de l'automne 2009" sur le site de Météo Francemercredi 25 novembre 2009
2100, Odyssée de l'Espèce
A 13 jours du sommet de Copenhague qui doit s'ouvrir le 7 décembre 2009, le quotidien Le Monde publie deux articles
-
l'article "Le réchauffement climatique pourrait atteindre 7° en 2100" publié le 24/11/2009 sur le site internet du quotidien
cet article résume un document de 64 pages publié par l'Institut de recherche sur les impacts du climat de Postdam auquel ont collaboré 26 climatologues de renom.
-
l'article "Le réchauffement climatique pourrait atteindre 7° en 2100" publié le 24/11/2009 sur le site internet du quotidien
vendredi 12 décembre 2008
Adoption du plan climat à Bruxelles
© Dessin de Plantu in le quotidien "Le Monde" du 14/12/2008
Les profits d'aujourd'hui
sont les catastrophes de demain
et les déficits d'après-demain !

Le nombre et le coût des grandes catastrophes sont associées aux décennies.
Hubert REEVES avec Frédéric LENOIR : Mal de Terre
Editions du Seuil : mars 2003
Réédition : Collection Points Seuil en mars 2005, 7,50 €
Et le huitième jour, Dieu, alias Hubert REEVES, daigna regarder la terre !
"Quinze milliards d'année d'évolution pour l'avènement d'un être capable de découvrir l'origine de l'univers dont il est
issu, de déchiffrer le comportement des atomes et des galaxies, d'explorer le système solaire, de mettre à son service les
forces de la nature, mais incapable de se mobiliser pour empêcher sa propre élimination ! Voilà en résumé le drame
auquel nous sommes confrontés aujourd'hui."
Exposé brillant mais frustrant
L'extrait ci-dessus de l'épilogue du livre illustre parfaitement ce livre de 270 pages (notes comprises) conçu comme une
échange entre Frédéric LENOIR et Hubert REEVES. Ce livre impressionne en effet par son exhaustivité sur les problèmes
qui frappent notre planète. Il ne manque pas un bouton de guêtre au manteau des maux de notre planète. On ne peut
qu'être impressionné par une telle hauteur de vision. Le livre regorge de graphiques dont on aurait aimé connaître les
sources pour tous, de sources bibliographiques constituées de livres, d'articles de presse, de rapports et de sites internet.
De surcroît, le livre a le mérite de ne pas sombrer dans le catastrophisme et pointe les signes d'espoir et les retournements
de tendance qui ont pu être observés en maints domaines. Citons entre autres :
- la population : l'explosion démographique prédite dans les années 1960 n'aura pas lieu. La population mondiale devrait se stabiliser autour de 9 milliards d'individus ;
- les ogives nucléaires : la réduction amorcée dans les années 1980 se poursuit avec la fin de la guerre froide consécutive à la chute du bloc soviétique ;
- les accords et protocoles internationaux : ceux-ci se multiplient sur de nombreux thèmes. Certains sont efficaces. Ainsi le
protocole de Montréal interdisant la production de CFC (principaux responsables de la destruction de la couche d'ozone)
ratifié par 150 pays en 1987, a vu la quasi-disparition de ce gaz alors qu'on en fabriquait un million de tonnes par an dans
les années 1970.
Ce n'est malheureusement pas le cas d'autres protocoles. Ainsi le sommet de Rio de 1992 s'était fixé pour objectif de réduire les émissions de gaz à effet de serre (GES) de 6% à l'horizon 2010 alors qu'un rapport de l'ONU a établi qu'une stabilisation du climat exigerait une réduction des GES de 60% à 80%. Or, entre 1992 et 2001, les émissions de GES ont augmenté de 9% et se sont même accrues de 18% aux Etats Unis. Pour l'instant, le seul mérite du sommet de Rio réside donc dans l'émergence, à travers les media, du problème du réchauffement climatique.
CNRS
Dans le cadre du projet PRUDENCE (Prediction of Regional scénarios and Uncertainties for Defining EuropeaN Climate Change Risks...), le CNRS a simulé l'évolution du climat au cours du XXI° siècle.
L'analyse de l'évolution du climat cherche à en évaluer les impacts de façon toujours plus fine. Dire en effet que l'augmentation moyenne de la température en France a augmenté de 1° au cours du XX° s. (beaucoup plus rapidement que sur la planète : 0,6°) n'a que peu de signification.
Le CNRS dans son projet IMFREX a donc, entre autres, réalisé des animations concernant différents paramètres sur l'évolution régionale du climat :
- Précipitations en hiver
- Précipitations en été
- Température minimale en hiver
- Températue maximale en été
Le CNRS a également réalisé deux animations concernant
la fraction des jours très froids en hiver et la fraction de jours très chauds en été.
L'une concerne ce que l'on a pu observer au cours du XX° s. et l'autre, ce à quoi on peut s'attendre à partir du modèle ARPEGE.
Celles-ci sont particulièrement parlantes et donnent quelques sueurs froides dans le dos.
Résumé rapide de l'évolution prévisible du climat au cours du XXI° s. : des hivers de plus en plus doux et pluvieux avec une augmentation de température particulièrement importante sur les zones de montagne (finis les sports d'hiver en France !).
Par contre, les étés seront de plus en plus chauds et secs.
Emission Terre à terre du samedi 16 juillet 2005
Cette émission de France-Culture animée par Ruth STEGASSY avait invité
- Edouard TOULOUSE, chargé de programme sur le changement climatique au WWF. Celui-ci évoquait les conclusions d'une étude commandée par le WWF concernant les conséquences d'un réchauffement climatique de 2° sur le pourtour méditerranéen.
- Issouf MAHA, touareg et ingénieur agronome qui a décidé de devenir jardinier du désert. Celui-ci a parlé des sécheresses qui deviennent récurrentes au Sahel et de leurs conséquences humaines, économiques et sociales.
Vous pouvez réécouter cette émission en consultant éventuellement les archives.
Informations pratiques
Association Touaregs
50, rue Saint Sabin
75011 PARIS
Tél. : 01 43 38 47 15
vendredi 14 décembre 2007
Après nous, le déluge !
La fonte des glaces du Groënland s'emballe
C'est ce que nous apprend un article du
quotidien Le Monde dans son édition du 18.02.06. Cet article
signé Hervé Morin, évoque les conclusions des
observations effectuées par le Jet Propulsion Laboratory de
Pasadena (Californie) et le centre de télésurveillance
des calottes polaires de l'Université du Texas et publiées
dans la revue Science.
Entre 1996 et 2005, soit en moins de 10
ans, le déficit de glace est passé de 90 km3
par an à 220 km3 par an. En cause le réchauffement
de l'atmosphère (+ 3° au Groënland depuis les années
1980 !) mais aussi un changement de comportement des glaciers.
« C'est un peu comme si des barrages étaient en
train de lâcher », déclare Eric Rignot,
chercheur français à Pasadena. Cette fonte est trois
fois plus importante que les estimations faites il y a 10 ans. Ce
phénomène devrait amener à revoir les modèles
du GIEC (Groupe Intergouvernemental d'experts sur l'Evolution du
Climat qui prévoyaient jusqu'ici une élévation
du niveau de la mer comprise entre 9 et 88 cm d'ici à 2100.
Pour mémoire, la fonte totale de la calotte Groënlandaise
provoquerait une élévation du niveau de la mer de 7
mètres !
Ce phénomène de fonte
accélérée des glaciers est généralisé.
La perte de masse des glaciers de l'Antarctique serait équivalente
à celle de ceux du Groënland. Les glaciers fondent aussi
dans l'Himalaya qui constitue le château d'eau de l'Asie dont
dépendent 2,5 milliards de personnes. La fonte des glaciers
des Andes et de Patagonie fait craindre des glissements de terrain et
des coulées de boue catastrophiques.
La forêt française menacée
dès aujourd'hui
par le changement climatique ?
C'est ce que semble indiquer un article
signé Pierre Le Hir et paru dans le quotidien © daté
du mercredi 1° mars 2006 concernant la forêt domaniale de
Vierzon.
Le mal est apparu il y a cinq ans. Sur
les 2000 ha couverts de chênes pédonculés dans
cette forêt domaniale, 200 sont anéantis et 1000 autres
en piteux état.
Un dépérissement aussi
rapide et d'une telle importance n'a jamais été observé
depuis 1750, c'est à dire aussi loin que remontent les
archives de cette forêt domaniale.
On assisterait à une conjonction de causes défavorables :
- Des accidents climatiques répétés : sécheresse, pluies abondantes, grêles. Or le chêne pédonculé supporte mal la sécheresse et les fortes variations hydriques.
- un sol sableux qui a tendance à accentuer ces aléas climatiques,
- une sylviculture en futaies serrées (rendement oblige ?) mal adaptée au chêne pédonculé,
- enfin, facteur déclenchant : l'oïdium. Selon les forestiers, avec le réchauffement climatique, ce champignon qui apparaîssait auparavant dans la deuxième quinzaine de mai, se développe maintenant en forêt 15 jours plus tôt, à un moment particulièrement crucial : l'éclosion des bourgeons. Le premier mois est en effet capital pour le cycle de l'arbre. Pour assurer la première poussée de feuilles, l'arbre puise tout d'abord dans ses réserves qui sont ensuite reconstituées quand les feuilles se sont développées. Mais si ces première feuilles sont détruites, c'est tout le cycle végétatif qui est remis en cause.
Bien que le chêne ait une
capacité d'adaptation importante, les forestiers craignent que
le changement climatique actuel trop brutal risque d'être fatal
au chêne pédonculé.
Ce serait d'une part tout un imaginaire
national qui disparaîtrait : tout le monde a entendu parler du
« bon roi Saint Louis rendant la justice sous son
chêne. C'est aussi toute une filière bois qui serait
menacée, le bois de chêne ayant une forte valeur
ajoutée. Ce pourrait être enfin une forte dégradation
des sols, de la flore et de la faune car les forestiers n'excluent
pas de devoir convertir certaines chênaies en résineux.
Or les forêts de résineux sont un véritable
désert écologique.
P.K. pour le résumé de l'article
Repères :
Sur les 15 millions d'ha de la forêt française, les chênes en recouvrent 5,5 millions
Des océans transformés en marmite ?
C'est ce que semble indiquer une étude de chercheurs du Georgia Institute of Technology publiée dans la revue Science du vendredi 17 mars 2006. Selon ces chercheurs qui ont étudié l'activité cyclonique depuis 1970, le facteur principal de hausse des cyclones violents est du à l'augmentation de température de surface des océans dans la zone tropicale.
L'hémisphère sud touché à son tour
L'article paru dans le quotidien Le Monde daté du 21.03.06, qui évoque cette étude, précise également que le nord-est de l'Australie a été balayé le lundi 20 mars 2006 par le plus violent cyclone que le pays ait connu depuis 30 ans.
La planète bleue deviendra-t-elle une planète grise ?
C'est ce que laisse craindre l'article "L'océan de plus en plus acide" de Stéphane FOUCART paru dans l'édition du
quotidien Le Monde datée du 18/06/06.
L'augmentation de la concentration en gaz carbonique (CO2) de l'atmosphère (+ 25% depuis le début de l'ère industrielle)
s'est accompagnée mécaniquement d'une augmentation du CO2 dissous dans l'eau de mer. Ce phénomène tend à
augmenter la concentration en ions H+ qui a augmenté elle-aussi de 25% et donc à acidifier l'eau de mer qui a vu son PH
baisser.
Le Plancton menacé
Or, cette acidification de l'eau de mer fait chuter la concentration en carbonates, l'un des éléments nécessaire à la
formation de l'exosquelette du phytoplancton et du zooplancton. D'ores et déjà, selon un article publié dans la revue
Nature, le zooplancton aura disparu dès 2030 dans certaines zones du Pacifique et dans tout l'Océan Austral.
Mais le zooplancton, les ptéropodes en particulier, constituent l'alimentation d'un certain nombre de poissons : le merlu,
le saumon, la morue et même la baleine à certaines périodes de l'année.
De plus, "deux tiers des coraux d'eaux profondes présents dans les mers froides, et notamment au large de l'Europe, sont
menacés de disparition avant 2100" selon M. James ORR, chercheur au Laboratoire des Sciences du Climat et de
l'Environnement. Or, toujours selon M. ORR, ces coraux servent, entre autres, d'habitat pour certains poissons.
Repères :
- 100millions de tonnes : c'est la quantité totale des pêches de capture tant continentales que marine au niveau mondial en 2002.
- 16 % : c'est la part moyenne des protéines d'origine animale fournies par le poisson au niveau mondial. Mais pour 2,6 mililards de personnes, les produits de la pêche représentent au moins 20% de l'apport protéique d'origine animale.
- 40 millions de tonnes : c'est la quantité totale de poissons issue de l'aquaculture. Cette production est en progression rapide (+ 30% entre 1998 et 2002).
- 25 % : c'est la part des stocks de poissons issus de captures marines, surexploités ou épuisés en 2000 (celle-ci n'était que de 10% au milieu des années 1970).
Source des chiffres : FAO : "La situation mondiale des pêches et de l'aquaculture" consultable au format .pdf sur la toile
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vendredi 18 mai 2007
L'océan gavé de CO2
Une équipe internationale de chercheurs a publié un article paru dans la revue scientifique Science du vendredi 18 mai 2005 relaté par Stéphane Foucart dans le quotidien Le Monde daté du 19 mai 2005. Cette équipe a étudié la capacité d'absorption du CO2 par l'Océan Austral.
L'Océan Austral, nouvelle dénomination de l'océan antarctique, a vu ses contours définis par l'Organisation Hydrographique Internationale en 2000 : sa limite sud est la latitude sud de 60°. Avec ses 20,3 millions de km², il ne couvre que 5,5% de la surface océanique totale mais c'est la principale "éponge à carbone" de la planète car il représente 15 % des puits de carbone naturels selon Corinne Le Quéré (Max Planck Institut für Biogeochimie, University of East Anglia).
Alors qu'on comptait sur ce brave océan pour absorber le surcroît d'émissions de CO2, celui-ci voit son efficacité se réduire depuis 30 ans. En cause le réchauffement climatique et la raréfaction de l'ozone stratosphérique qui provoquent des vents violents et un brassage plus important entre les eaux de surface et les eaux profondes. Or, les eaux profondes sont plus denses et absorbent, de fait, moins de CO2.
Les Océans tropicaux crèvent de chaud
Avec l'augmentation des températures de surface, l'activité du phytoplancton est moindre. Les chercheurs estiment qu'avec le réchauffement climatique, les puits naturels de carbone tendent à se réduire. Ainsi, la nature pourrait amplifier le réchauffement climatique du aux activités humaines.
Pour lire l'intégralité de l'article du Monde, Pour visualiser l'évolution de l'absorption ou du rejet de CO2 au cours de l'année, vous pouvez consulter le site http://la.climatologie.free.fr/. On aurait cependant aimé que ce site indique à partir de quelles sources d'information cette carte dynamique a été réalisée.
Energie
LE MONDE DIPLOMATIQUE Janvier 2005
Dossier de 7 pages : "ENERGIE : DEMAIN, LA PANNE"
Excellent dossier réalisé par
- Elaine BAKER ;
- Denis BARBUSIAUX, Directeur de recherche associé à l'IFP (Institut Français du Pétrole) ;
- Pierre René BOUQUIS, ancien Directeur Stratégie et Planification du groupe TOTAL ;
- Emmanuelle BOURNAY ;
- Benjamin DESSUS, Président de l'association Global Chance, Meudon ;
- Roland LEHOUCQ, Astrophysicien au CEA (Commissariat à l'Energie Atomique) ;
- Philippe MÜLSTEIN, Ingénieur ;
- Philippe REKACEWICZ.
![]() ©Robert et Shana PARKE HARRISON in "The Architect's Brother" |
Ce dossier est superbement illustré de photographies de Robert et Shana PARKE HARRISON issues du livre
"The Architect's Brother", Twin Palms Publishers, Santa Fe (Etats Unis) dont vous pouvez admirer quelques superbes extraits sur le site internet de ces deux artistes
Ce dossier comport bien évidemment une bibliographie et des adresses de sites internet.
Ce dossier commence par dénoncer les limites des chimères technologiques que sont le projet ITER de fusion
thermonucléaire, la pile à combustible fonctionnant à l'hydrogène ainsi que le captage et le stockage dans le sous-sol des
émissions de CO2 produites par les centrales à gaz et à charbon. L'évocation de ces innovations n'aurait pour seul but que
d'éluder le vrai problème de la diminution des émissions de CO2 et donc d'une moindre consommation énergétique.
Celle-ci passe bien évidemment par le développement de modes de déplacement durables, transports en commun entre
autres, une urbanisation maîtrisée mais aussi un développement économique auto-centré. En effet le développement
exponentiel du transport de marchandises est lié à l'éloignement de plus en plus grand entre les lieux de production et
ceux de consommation. La production a en effet tendance à être délocalisée dans les pays se caractérisant par un moins
disant social. A titre d'exemple, un rapport de l'Institut Allemand de Wuppertal montrait en 1993 que les "différents
ingrédients nécessaires à la fabrication d'un simple pot de yaourt aux fraises cumulaient 3500 km avant d'être réunis".
Le dossier présente également le scénario prévisionnel de l'AIE (Agence Internationale de l'Energie) qui prévoit une
augmentation des deux tiers de la consommation d'énergie à l'horizon 2030 et une augmentation consécutive des
émissions de CO2 de 70%.
Deux scénarii prospectifs sont également présentés. Le scénario "Noé" du CNRS et ceux de l'IIASA (International
Institute for Applied Systems Analysis). Les scenarii volontaristes sont basés essentiellement sur une faible demande
énergétique et non sur un développement des énergies renouvelables. La différence entre les scenarii au fil de l'eau et les
scenarii volontaristes, est équivalente à la consommation énergétique actuelle, soit 10 milliards de TEP.
Droit dans le four !
Si les tendances observées depuis une quarantaine d'années se poursuivent, les transports de marchandises dans les PVD
(Pays en voie de développement) devraient dépasser ceux effectués dans les pays du Nord dès 2020. Quand aux distances
parcourues par les voyageurs en véhicules motorisés dans les PVD, ils devraient être supérieurs à ceux du Nord à partir de
2030.
Ainsi, la nécessité inévitable d'une décroissance soutenable est évoquée brièvement, ce qui suppose bien évidemment un
partage plus équitable des richesses produites tant au sein même des nations qu'entre les différentes nations de la planète
terre.
Le mythe des agrocarburants
Extrait d'un message envoyé le 25 mai 2006 sur le forum de France 2
Nous sommes deux étudiants dans une école d’ingénieurs à Rouen.
Suite au journal télévisé de 20H du 22 mai 2006, nous souhaiterions
réagir au reportage consacré au bioéthanol où nous pouvions voir le
ministre de l’économie rouler dans une voiture à éthanol importée du
Brésil.
[..]Vous avez clairement présenté le Brésil comme un
exemple à suivre et à appliquer en France, allant même jusqu'à déclarer
en fin de reportage que « la betterave remplacera le pétrole » !!
Cependant nous souhaiterions vous apporter ces quelques
précisions : comme vous l’avez déclaré, il faudrait 1,5 hectare de
betterave cultivés par automobile. Sachant que la surface cultivable de
la France est de : 30 millions d’hectares et que le nombre
d’automobiles en circulation en France est de : 36 millions dont plus de
600 000 véhicules de plus de 5 tonnes. Un calcul digne
d’un CP : (36 000 000*1,5= 54 000 000. 54 000 000/ 30 000 000=1,8)
montre qu’il faudrait couvrir 180% de la surface cultivable française
avec des betteraves (pour fournir en carburant les véhicules circulant en France) ! Peut être aurait il été intelligent de faire ce
simple calcul pour démontrer qu’au contraire : « la betterave ne
remplacera pas le pétrole »
Nous pensons qu’il est grave de faire croire aux gens
que le pétrole pourra être remplacé par la betterave, que tout va bien,
que nous pouvons continuer à consommer sans nous faire de soucis… et même
qu’avec un peu de chance le biocarburant sera même moins cher que notre
essence puisqu’il serait subventionné par l’état, tout comme en
Allemagne ! Le seul problème selon vous étant simplement d’installer
des pompes partout [..]
Nous sommes d’accord que l’addition (environ 10 % si
l’on suit nos engagement avec l’UE) de biocarburant dans
l’essence permet de réduire légèrement l’émission de CO2 et que c’est
un effort à faire. Cependant, la France et le Brésil ne sont pas
comparables, la surface cultivable du brésil s’élève à 152 millions
d’hectare soit 5 fois celle de la France et son parc automobile d’élève
à « seulement » 20 millions de véhicules soit 55% du parc automobile
français (1). Il est donc utopique de croire que nos réservoirs seront
remplis avec du jus de betterave d’ici 2010.
Nous sommes sincèrement inquiets de
l’impact d’un tel message sur une population que l’on sait déjà sous
informée dans ce domaine de l’énergie. Vous semblez parfaitement
refléter cette désinformation. De plus nous savons pertinemment que bon
nombre de nos concitoyens n’ont pas le même recul à l’égard du
sacro-saint « JT de 20 h » et prennent vos informations comme
argent comptant.
Un message posté sur le même forum le 26 mai 2005 précise qu'ils ont fait le même calcul
et sont arrivés aux mêmes conclusions.
Le mensuel National Geographic fournit la même estimation en pages 23 et 26, dans son dossier consacré aux énergies renouvelables paru dans le numéro d'octobre 2005 et écrit par Michael Parfit :
"Si tous les véhicules du monde devaient fonctionner aux biocarburants,
il faudrait doubler la surface des terres agricoles."
Terminons enfin par les chiffres de Jean-Marc Jancovici (2) estimant les surfaces
nécessaires pour remplacer les importations actuelles de pétrole (environ 100
millions de tonnes en 2002).
Surfaces nécessaires pour produire les importations de pétrole françaises | ||
production végétale |
en % du territoire métropolitain | en % des surfaces agricoles |
Betteraves | 205% | 733% |
Colza | 626% | 2240% |
Blé | 549% | 1964% |
Plan éthanol :
une réponse hors sujet de l'état Français
face au défi du réchauffement climatique ?
C'est ce qu'affirme le RAC (Réseau Action Climat) France dans l'éditorial d'Octobre 2006 d'Infos de Serre intitulé :
"Ethanol : une fausse solution écologique".
Le 4 octobre 2006, Dominique de Villepin, premier ministre de la France, lançait en fanfare le plan de développement des
agrocarburants. Ce plan laisse plus que sceptique le RAC-France.
Un bilan quasi-nul pour les émissions de gaz à effet de serre
Selon cet éditorial cosigné par un représentant de la Confédération Paysanne, un représentant du RAC-France et un représentant de la FNAB (Fédération Nationale d'Agriculture Biologique) il faudrait 0,91 tep (tonnes équivalent pétrole) pour produire 1 tep à partir du blé, 0,84tep pour produire cette même tep à partir de la betterave avec les conditions actuelles de la production agricole française (utilisation d'engrais et de pesticides). Le seul biocarburant qui aurait une efficacité énergétique proche d'un facteur 4 serait l'huile végétale pure produite à partir de colza ou de tournesol. Celui-ci permettrait de diviser par 10 les émissions de gaz à effet de serre et pourrait remplacer le fioul rouge utilisé par les agriculteurs qui est presque complètement détaxé
Un bilan négatif pour le consommateur :
Pour une même efficacité énergétique, 15 litres d'E85 (carburant composé à 85% d'éthanol et 15% d'essence) remplaceront 10 litres d'essence ordinaire, ce qui en limite sérieusement l'intérêt pour l'automobiliste même s'il est vendu 0,80 €.
Une catastrophe pour l'Etat.
Pour arriver à ce prix compétitif, l'E85 devra être complètement défiscalisé. L'Etat se privera ainsi, sur ce carburant, des recettes de la TIC qui a remplacé la TIPP (Taxe Intérieure sur les Produits Pétroliers). A l'horizon 2010, ce manque à gagner devrait être de l'ordre de 1,3 milliards d'euros qui pourraient être plus efficacement utilisées dans les économies d'énergie , le développement des TC (et un plan volontariste de développement du vélo : note du webmestre).
Ce point de vue rejoint celui de Jean-Marc Jancovici qui estimait dans un entretien radiophonique que ce plan éthanol est avant tout un problème de politique agricole française en réponse à la baisse des subventions à la production agricole au niveau européen.
1 : On peut préciser par ailleurs que le taux d'équipement en automobiles du Brésil (186 millions d'habitants en 2005 selon l'encyclopédie libre Wikipedia (2)) est quasiment 6 fois plus faible que celui des français :
10 voitures pour 100 habitants au Brésil contre 58 pour 100 habitants en France.
2 : chiffres parus dans les pages consacrées aux biocarburants (pp. 222 à 224) de l'excellent livre de Jean-Marc JANCOVICI :
L'avenir climatique
Quel temps ferons-nous
réédité en Collection Points Seuil, février 2005
REPERES
Baril de pétrole
Un baril de pétrole contient 159 litres de pétrole brut. Certains précisent "dont 2 litres de sang" à cause des nombreuses guerres et exactions commises à travers le monde pour s'approprier cette énergie.
500 kg de CO2
C'est un objectif transitoire à
l'horizon 2050 d'émission annuelle par personne d'équivalent CO2,
en supposant une répartition égalitaire des émissions
entre les 10 milliards d'habitants de la planète à
l'horizon 2050.
En effet, pour stabiliser la
concentration de CO2 dans l'atmosphère à 450
ppmv/m3, il faudrait émettre au niveau de la
planète, au maximum 3 Milliards de tonnes équivalent
CO2, ce qui correspond à la capacité
d'absorption des puits de CO2, l'océan
essentiellement. Ceci suppose bien évidemment que le phénomène
du réchauffement climatique ne connaisse pas un emballement :
menace sur le plancton déjà constatée, fonte du
permafrost qui pourrait s'accompagner de libération massive de
méthane (CH4) qui est lui aussi un effet de serre.
Production électrique et rejets de CO2
émissions en g de CO2 par kwh | |
Centrales à gaz | 415 |
centrales à charbon | 895 |
On remarquera que les centrales thermiques au gaz émettent deux fois moins de CO2 que les centrales thermiques à charbon. Ceci est du au progrès réalisés sur les centrales thermiques à gaz qui utilisent la technique CCGT (Combined Cycle Gas Turbine) et ont, ce ce fait, un bien meilleur rendement.
Source
- émissions de CO2 par type de centrale : p. 121 (chapitre 5 consacré à l'électricité) du DUKES (Digest of United Kingdom Energy Statistics ou résumé statistique sur l'énergie au Royaume Uni) publié en 2013 par le gouvernement du Royaume Uni. Les chiffres datent de 2012.
Rejets moyens de CO2 de différents carburants
Source : Prise de position de l'OcCC (Organe Consultatif sur les Changements Climatiques), organisme suisse, sur la motion "Diminution neutre sur le plan budgétaire des prix de carburants Diesel et gazeux" (document au format .pdf)
Les chiffres ci-dessous figurent en p. 8 de cette prise de position
essence | diesel | gaz naturel |
2.33kg/litre | 2.66kg/litre | 2,75kg/kg |
Remarque : la plus grande émission de CO2 par litre de diesel est lié à la plus grande densité de ce carburant.